Si vous voulez bien remonter au IIe siècle avant Jésus-Christ, vous y croiserez Aristophane de
Byzance, ce fameux grammairien qui avait instauré un code constitué d’accents pour la
langue grecque : l’accent aiguë invitait à élever la voix (voix plus aiguë), l’accent grave à
l’abaisser, etc.
D’aucuns y voient l’origine des neumes, ces signent qui ornent dés le VIIe siècle certains
livres liturgiques en indiquant le mouvement à chanter sur chaque syllabe du texte sacré. On

est passé ainsi du texte déclamé au texte chanté. Des neumes existent encore aujourd’hui dans certaines traditions, notamment dans la musique religieuse byzantine : si vous avez la chance d’avoir entre les mains un livre liturgique byzantin destiné au chant, vous y verrez le texte orné de signes dont le rendu sonore dûment codifié est d’une grande flexibilité ( Ce que peut se permettre le chant byzantin qui n’est pas polyphonique).
Pour l’instant, pas encore de portée en vue. Vers la fin du Ixe siècle, c’est un certain Hucbald
qui, paraît-il, met au point des « portées » de lignes parallèles ( pouvant aller jusqu’à dix-huit
lignes !) avec tout un système de lettres et de signes placés en début de portée pour indiquer
les intervalles entre les lignes. Ce système va s’enraciner car les musiciens y trouvent leur
compte pour y placer leurs musiques.
En 1025, Guido d’Arezzo instaure la couleur pour certaines lignes afin de les distinguer
visuellement des autres (rouge pour le fa, jaune pour le do, noire pour le la) et, pour gagner en
visibilité, il place des lettres en début de portée, lettres qui sont les ancêtres de nos clés. Par
ordres chronologique : F pour le fa, G pour le sol, C pour le do. C’est encore à ce moine
italien que l’on attribue l’origine du nom des six premières notes de la gamme telles que nous
les prononçons en français (de do à la) : il s’agit des premières syllabes des six premiers vers
d’une hymne à saint Jean-Baptiste.

Ut queant laxis / resonare fibris/ mira gestorum /
famuli tuorum / solve polluti / labii reatum / Sancte Iohannes.
Il ne s’agit pas d’un hasard car si l’on en croit la partition grégorienne, les versets en question
commencent musicalement par les notes en question. Le Si vient probablement des initiales de
Sancte Johannes. La syllabe do, quant à elle, a supplée tardivement la syllabe ut difficile à
solfier dans un tempo rapide, en hommage à un certain Giovanni Battista Doni, compositeur
du XIIe siècle à peu prés oublié de nos jours, sinon pour cette anecdote.
Pendant que se placent les hauteurs sur la portée, pendant que les notes se voient attribuer une
syllabe pour qu’on puisse les différencier, les rythmes ne sont pas en reste. Peu à peu, les
contours neumatiques se transforment et apparait vers le XIIe siècle une notation plus précise,
la notation carré qui, si elle gagne en précision, appauvrit les possibilités car certaines
inflexions neumatiques n’y sont pas transposées.
Installée sur une portée de quatre lignes, elle deviendra la notation traditionnelle du chant
grégorien (chant religieux occidentale) conservée jusqu’à ce jour. Après cette notation carrée
qui présente des signes noirs (figures pleines), apparaît au XVe siècle une notation blanche
dans laquelle les signes précédents deviennent évidés (allégés à la lecture), de forme plutôt
losangée et munis déjà de hampes et de crochets éventuels.

Enfin, c’est au XVIIe siècle que les notes prennent leur aspect actuel plus arrondi (ou plutôt
ovalisé).